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Tu le savais que ça allait arriver Stella, c'était juste là. Les minutes passaient, elles te regardaient impatientes pendant que les secondes, elles, grondaient à travers le verre de ta Rolex. Tu t'étais apprêtée comme si tu allais en soirée, après tout, tu espérais qu'il allait garder cette image de toi gravé. T'espérais empoisonner sa rétine, tatouer ton corps, tes yeux, ton allure au fond de ses yeux. Tu voulais qu'il te remarque, qu'il te toise, qu'il te contemple. Tu voulais voir son regard, tu voulais être son épouvantard, tu voulais qu'il soit ridicule à travers le silence que tu lui accorderais. Il te verrait dans ses rêves, dès son réveil, aucune trêve. Ta tenue respirait le deuil, tu étais prête à enterrer votre liaison, le partage du sang. Ton manteau camel soulignait tes talons funèbres Chanel, tes lippes s'étaient dessinées une bouche carmin. Des nuances noires et rouges, l'obscurité et l'animosité. Le temps était arrivé, Stella. Les flux commençaient à s'agiter autour de toi, tu suivais la foule, t'installais devant le mur briqué. Tu savais où il était, tu l'avais déjà observé une fois. Une unique fois, sans te laisser regarder. Il était trop tôt, ce jour-là. Seulement aujourd'hui, c'était toi qui décidait, c'était toi qui le manipulait. Il devait savoir que tu étais encore en vie, Stella. Tu ne savais pas si cela allait le provoquer, tu ne pouvais que l'espérer. C'était un jeu dangereux sur lequel tu t'étais aventuré, Stella. Dans l'ignorance de la possibilité d'une indifférence qui finirait par te tuer. Si tu devais mourir pour le toucher, tu pourrais lui accorder. Seulement maintenant, tout se jouait. T'étais à des milliers de kilomètres de l'endroit où tu régnais, sans repère, sans compère. Il avait été ton meilleur allié, seulement maintenant, il était tout ce que tu détestais. Tu ne cherchais pas à le regarder, pas maintenant, pas comme ça. Ton attitude ne trahissait que ton impassibilité, quand bien même ton corps entier se consumait. Ta tête te brûlait, ton coeur s'affolait, tes veines s'extasiaient. L'adrénaline, tu la sentais. Tu te tirais une cigarette que tu posais délicatement à tes lèvres, ton briquet venait enflammer le bâtonnet. En réalité, c'était ton corps entier qui s'était embrasé, Stella. Sans lui accorder un regard, sans lui accorder un étendard. Et tes yeux vacillaient, juste là, à côté de toi. T'étais certaine d'humer l'odeur de son parfum aux effluves du vent, un regard si semblable au tien. Il n'avait pas changé, à quelques mètres de ton corps, de ton coeur, de tes rancoeurs. Cosmo, ton unique frère, ton unique enfer.
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