Boston Common
@Eowyn Clark
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Affalée sur l'herbe, éclairée par seulement quelques rayons de lune, la tête en vrac, les pensées qui s'évadent une à une et m'empêchent de trouver Morphée ce soir. Dexter allongé à mes côtés, phalange qui caresse le haut de son crâne, tendrement. C'est le bordel aussi bien autour de moi, que dans l'esprit torturé. Les ombres bougeaient dans l’obscurité. Le noir rendait les arbres vivants et l’ambiance rauque. Mais je m’en fichais. J'avais juste besoin d'une pause. Besoin de prendre une bouffée d'air frais. Au calme, dans ce silence étourdissant. Les étoiles à portée de vue, tente de repérer la grande ourse. Dexter qui s'agite et qui se met à aboyer. Silhouette qui pour lui, alarmante, pas content d'être dérangé dans un moment aussi complice avec sa maîtresse. Le rire qui s'échappe, les doigts qui tiennent le collier de la créature.

Deux semaines que je suis de retour à Boston et j'ai l'impression de n'être jamais réellement partie. Je me rends compte maintenant que je suis ici que ma décision d'aller à New York était réellement motivée par ce besoin de renouveau et cette envie de l'oublier elle. New York est une ville immense qui ne dort jamais et, venant d'une petite ville dans le Maine, c'était peut-être too much pour moi. N'arrivant pas à dormir, je sors de l'appartement sur la pointe des pieds pour ne pas réveiller Sofia, ma nouvelle coloc qui m'a gentiment proposée de prendre la deuxième chambre de son appart. Pas sûre que cette ballade nocturne soit la décision la plus safe, mais prendre l'air me fera du bien. Je regarde avec inquiétude mon téléphone en entrant dans le Boston Common quand je fais défiler le nombre d'appels ignorés de ces numéros inconnus et je sens la panique me gagner. La panique de ce que j'ai fuis à New York. Et s'ils venaient me retrouver jusqu'ici ? Je suis tellement dans ma bulle que je sursaute en entendant un chien aboyer et je me met à hurler, plongeant les mains dans la poche avant de mon hoodie pour attraper une bombe lacrymo que je dégaine face à moi, sans l'utiliser, la voix tremblante. "Y'a quelqu'un ?", que je demande en plissant les yeux, l'obscurité m'empêchant de voir correctement devant moi.

Boston Common
@Eowyn Clark
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Le cri strident, alarme mes sens, et Dexter qui continue d'aboyer. La silhouette est cachée dans l'obscurité, mais la voix ne trompe pas. C'est bien celle d'une femme. Une femme qui comme moi ce soir, ne semble trouver aucun refuge dans les bras de Morphée. Rapidement, ma carcasse se redresse, tire sur la chaîne de mon chien, incapable de se calmer parce que lui aussi, ne discerne pas qui s'est, seulement prêt à me défendre en cas de besoin. J'avance dans la nuit, pas qui me guide jusqu'à ta voix, toi, debout, la peur qui tiraille tes entrailles, cette bombe lacrymogène dans la main. Et je comprends. Toute suite, je me penche pour murmurer à l'oreille de mon chien. Calme la bête, qui s'allonge finalement, la serpentine qui pend et la queue qui remue dans tous les sens. — N'aie pas peur... Il n'est pas méchant. Il voulait juste me protéger. Douce caresse sous le museau de Dext pour le détendre lui et cette atmosphère craintive qu'il a créée. — J'suis désolée. Ça va ? J'évite de m'approcher pour l'instant, ne voulant pas plus que ça, t'effrayer. Parce que je peux entrevoir, cette horrible peur dans tes yeux.

C'est probablement un tout, qui fait que je réagis comme ça quand j'entends l'aboiement de ce chien. Le parc est assez sombre et probablement pas super bien fréquenté la nuit. Si on rajoute le fait que je suis sur les nerfs, fatiguée et un peu émotionnelle, ça donne un cocktail assez explosif. Je me sens un peu bête avec ma mini bombe lacrymogène dans la main, pointée devant moi comme l'arme ultime de la demoiselle parano qui a peur de se faire agresser dans la rue. C'est ma mère qui me l'a offerte quand je suis partie à New York fin janvier et on peut dire qu'elle m'a malheureusement été utile là-bas. Le chien se calme et j'aperçois une silhouette, quand une voix féminine m'interpelle, calmant directement mes ardeurs. Je baisse ma garde et pose ma main sur mon coeur qui bat encore à mille à l'heure, riant nerveusement à sa question. "Oui.. désolée, j'ai eu un peu peur", que je dis avant de m'approcher pour mieux distinguer la jeune femme : une grande brune aux cheveux coupés au carré et son chien, mignon comme tout quand on sait qu'il ne veut pas vous sauter à la gorge. "On peut croiser des gens chelous dans le parc à cette heure", que j'explique avant de me mettre à croupie à la hauteur de son chien. "Je peux ?", que je demande à la demoiselle en tendant ma main vers le toutou pour qu'il sente ma main avant de lui offrir une petite caresse sur le crâne.

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@Eowyn Clark
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Les pas légers, la grâce féline et les sens maintenant endormis. Ce n'était rien d'aussi alarmant. Par contre, je ne peux pas dire autant de ton côté. Cette peur que j'ai aperçue dans l'obscurité. As-tu déjà vécu une tragédie qui te pousse à craindre même le bruit d'arbres qui bougent au gré du vent ? Ou bien est-ce simplement le fruit de mon imagination dû à la fatigue des longues journées de révisions qui m’épuisent ? — Ce n'est rien, t'inquiète. Plus proche de moi, tu t'approches, bombe rousse aux yeux de biche. Le mythe des Rousses est vrai. Elles sont presque toutes belles. — C'est vrai. Mais Dexter n'aurait laissé personne de louche m'approcher. Il sentirait le danger, et même s'il n'y en avait aucun, il restera toujours sur ses gardes. Je tapote gentiment le crâne de mon chien, le préparant à t'accueillir lorsque tu t'accroupis devant lui. — Bien sûr, tu peux. Le sourire qui illumine la pénombre, les orbes qui te fixent pendant que tu caresses mon toutou. La curiosité frappe alors à mes portes, mais je ne devrais pas. Je ne devrais pas chercher à savoir ce que j'ai vu de ton regard. Tais-toi Julia. Ne commence pas. Lèvre pincée entre les canines. — Moi c'est Julia et comme je l'ai mentionné, lui, c'est Dexter, le fourbe attachiant. Comme sa maîtresse. J'ai failli craquer je vous jure, de vouloir creuser un peu.

Je suis contente de toujours avoir cette petite bombe lacrymaux avec moi, mais je me dis que ça peut être vraiment dangereux et il faut que je calme mes nerfs. J'étais à deux doigts de gazer cette pauvre jeune femme qui n'avait rien demandé à personne sous prétexte de ma paranoia. C'est clair qu'avoir un chien doit rendre l'esprit un peu plus léger dans ce genre de situation. "Mh.. ce n'est rien parce que je n'ai pas utilisé ma super arme", que je dis en riant un peu nerveusement. Je me mets à la hauteur du chien en demandant si je peux le caresser (une chose que mes parents m'ont toujours appris quand j'étais plus jeune : on demande la permission avant de toucher un chien, ça n'est pas un jouet qu'on peut caresser comme ça à sa convenance) et je souris quand je vois qu'il apprécie mes petites gratouilles au niveau de son crâne jusqu'à descendre dans son cou. "Dexter, ça lui va bien", que je dis tout sourire avant de lever le regard vers la demoiselle. "Et Julia, ça te va bien aussi" Un prénom doux et élégant qui match plutôt bien avec les traits de la belle brune. "Je m'appelle Eowyn", que je dis avant de me redresser, frottant mes mains sur mes cuisses. "Oui, mes parents étaient dans leur phase seigneur des anneaux quand ils m'ont eu" Et ça se reflette clairement sur mon prénom. Mais j'aime bien, c'est original, je n'ai jamais croisé une autre Eowyn de toute ma vie.

Boston Common
@Eowyn Clark
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Ton rire contagieux se mêle au mien parce que tu viens de me rappeler la fois où moi aussi, j'ai fait la bêtise d'en utiliser une. — J'avoue que c'est un peu weird quand tu l'utilises sur une personne qui n'a rien demandé. Un jour, j'ai pris un étudiant pour un voleur et j'ai aspergé son visage d'une bombe de poivre. Quand j'y repense, je ne peux pas m'empêcher de rire. Par contre, c'était un souvenir que j'aurais bien voulu me passer de faire remonter. — Et tu vois, il a l'air de kiffer tes petites grattouilles. Les orbes qui fixent mon chien, sa queue remue dans tous les sens, il est aux anges ce petit coquin et il ne le cache même pas, en levant le museau pour en avoir encore plus. — Merci, c'est gentil. J'avoue que je ne suis pas insensible aux compliments, ça fait toujours plaisir d'entendre et surtout venant d'une inconnue aussi charmante que toi. — J'trouve que ça te va bien et puis c'est très original. Ça fait de toi, une personne unique. T'es la première Eowyn que je croise. Déverse sur ta silhouette, une pluie de compliments, que je pense sincèrement. T'es belle, t'as un prénom qui sort de l'ordinaire, t'es rousse et si je me fie à ma première impression, tu m'as l'air fort sympathique. — T'avais envie de souffler un peu ? C'est pour ça que t'es venue toute seule ici ? Parce que c'est exactement pour ça, que moi, je suis là. Me vider la tête au calme.

Ma main qui cache ma bouche et mon air surpris quand elle me dit qu'elle a déjà asperger quelqu'un en le prenant pour un voleur. "Oh mon dieu, vraiment ?", que je demande avant de rire de plus belle. "Ça a dû être tellement gênant.." Pour lui, comme pour elle au final. Je pense que je m'en voudrais tellement et je suis encore plus heureuse de ne pas avoir fait la connerie deux minutes plus tôt avec elle. Son chien, qui semble tout cute quand je suis à croupie face à lui pour lui grater le crâne, m'aurait probablement sauté dessus si j'avais fait du mal à sa maitresse de la sorte. Je lui dis que son prénom lui va bien et ça semble la toucher. Faut dire que j'ai le compliment facile. Eo, la douceur incarnée... sauf quand elle a sa petite bombe au poivre dans la main, bien sûr. Je souris quand elle parle de mon prénom et j'hoche la tête, "La première et probablement la dernière. Mes amis m'appellent Eo, en général", que je lui dis à nouveau à sa hauteur. "Ouais.. j'arrivais pas à dormir. Trop de trucs en tête" J'aurais pu me faire une petite tisane ou une connerie qui aide à dormir mais j'ai préféré prendre l'air. "Et toi ?" Je regarde autour de nous, "Je suis pas sûre que ce parc soit archi bien fréquentée la nuit, on est de sacrées aventurières", que je dis en riant doucement. "Ou de sacrées inconscientes" Je baisse le regard vers Dexter, "Enfin quoi que.. plutôt moi, toi tu as Dexter pour te protéger" Probablement plus efficace que ma bombe lacrymo.